Anecdote au Sénégal

Publié le par Sénégalais frustré

Il y a quelques années, au moment de la rentrée scolaire, le jeune fils (18/19 ans) de mes voisins m'a demandé de lui donner des cours de philo et d'histoire.

Je n'ai pas l'habitude de faire payer les cours que je donne. Peut-être parce que je n'en ai jaimais donné à des enfants de familles aisées.

Mais cette fois-ci ; en me souvenant d'un incident qui s'était reproduit  de nombreuses fois au cours de l'année précédente ; j'ai décidé de lui faire payer ces cours.

Il en appelle tout de suite à la solidarité, au fait que nous étions tous frères, cousins... tous les arguments larmoyants "à l'Africaine" quand on veut obtenir/imposer quelque chose de vous.

Je lui rappelais alors, que j'avais entendu, à de nombreuses reprises, sa mère lui demander d'aider son plus jeune frère et qu'il avait toujours refusé.

Je lui ai ensuite dit que n'étant ni son frère, ni son cousin, n'ayant aucun lien et ne lui devant rien, je n'avais aucune obligation d'en faire pour lui plus qu'il n'était capable d'en faire pour son frère de sang.

Cette habitude qu'on les gens d'exiger de vous plus que ce qu'eux-même font me gonfle.

L'habitude d'utiliser des arguments que notre éducation et notre culture ont valorisés et qui nous culpabilisent si nous n'y cédons pas, me révulse.

Pour tout dire, l'utilisation de ces arguments m'incite plutôt , sans réfléchir, à refuser par principe.

J'offre et je donne selon mon bon plaisir, je ne me sents jamais obligé.

Quelle obligation pourrais-je  avoir envers mes jeunes neveux qui survivent difficilement au village, mais y restent néanmoins à ne rien faire 8 mois/an et qui ont un enfant de plus tous les 2 ans.

Leur inconséquence et leur imprévoyance, leur certitude que les choses changeront toutes seules, leur sentiment d'avoir DROIT à la solidarité ne me fera pas sombrer. Mes seuls devoirs sont envers mes parents, père et mère, mon épouse et mes enfants. Je ne suis engagé envers personne d'autres qu'eux, mon épouse en me mariant, mes enfants en les faisant.

Que chacun assume ses propres actes sans demander aux autres de s'y substituer. J'assure les miens, que tout le monde en fasse autant.

 

Publié dans réflexions

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C
Quelle tristesse. Il faudrait commencer à nourrir c,a, ndank n ndank doucement sur petite échelle, mais comment?<br /> ??
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C
Nulle part à ton avis? Moi je l'ai rencontrée dans beaucoup de sociétés, et la correlation avec la quasi absence de corruption et népotisme est évidente
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S
je faisais allusion au senegal.
C
"Ne crois pas que la solitude ne peut pas etre terrible dans une telle société"<br /> Justement, je me suis rendue compte que on est terriblement seul au Sénégal. <br /> Ce n'est pas le bien du groupe comme tel qui compte, si non la volonté de qui dans le groupe est plus riche, plus agé de toi, plus imposant, homme et non femme etc etc etc . On est seul quand la hierarchie est plus importante du dialogue.<br /> C'est dû déjà au fait de ne jamais pouvoir ouvrir son coeur et parler de tout ce qu'on pense et sent, ou d'exprimer  un probleme, et ésperer de trouver des solutions avec son interlocuteur.<br /> Non, il faut toujors modérer ce qu'on exprime par rapport à la position sociale qu'on a envers la personne en face.<br /> La vérité sénégalaise est toujours rélative. je ne crois pas qu'on fait c,a pour tromper, c'est plutôt une stratégie de survie.. il ne faut pas faire facher qui a des pouvoirs sur toi, et la vérité, parfois, c,a fache.<br /> Vrai aussi que tout cela se reflechit dans le système politique.<br /> La solitude endemique (pourqui est le mot endemique si fréquent dans les textes sur l'Afrique?) encourage un comportement dishonnete.  "L'argent que j'ai sous main en cet instant est beucoup plus concret du bien que les autres, peut-être, me souhaitent, et peut etre ou peut etre pas seraient prets à faire".<br /> C'est cela que je voulais dire quand j'ai écrit que le manque de confiance est le motif principal de la corruption. Et je pourrais préciser: manque d'expérience de la bonne volonté des autres de s'occuper de toi au délà de leur propre l'interet. La confiance dans la volonté sociale de construire qc de commun, quoi.
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S
il n'y a pas de volonté sociale de construire qc de commun.
C
Je comprends que la notion de politesse est liée aux contextes culturels.<br /> Tes écrits m'interessent parce que, même si tu es sénégalais, souvent tu dis ce que je pense avec ma tête provenante d'un autre planète sur le sénégal et ses moeurs. <br /> Certainement je pense que chez nous on a trop le culte de l'individu - même si derniérement j'ai commencé à penser que vous, comme individus, sur le plan existentiel, êtes plus seul que nous, qui nous suicidons même pour solitude.<br /> Quelle est ta relation à la notion "Je suis parce que nous sommes."?
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S
dans quasiment toutes les sociétés africaines l'individu n'existe qu'en tant que pièce d'un tout. Il est un morceau du puzzle social. Un individu n'est rien , c'est le groupe l'unité. <br /> En europe, on favorise l'individu. Beaucoup d'avantages, quand meme quelques inconvenients, en autre celui de faire oublier l'interet du groupe. d'ou communautarisme et groupuscules aux interet divergents voire opposes.<br /> L'afrique nie quasiment l'individu, la notion d'individu rapporte a egoisme et individualisme. <br /> L'individu n'est  "qu' stuck" totalement aliéné aux contraintes et intérets du groupe, ethnie, clan, religion, village....<br /> Ne crois pas que la solitude ne peut pas etre terrible dans une telle société, pour peu que tu sentes ta propre individualite. C'est alors un combat de tous les instants pour préserver ta marge d'autonomie.  Tu te trouves attaqué de toutes parts car tu met la cohesion du groupe en danger. Tu risques de te faire rejeter pat ta famille. Tu est en faute.... parce que tu dois...<br /> La meimleure illustration que l'on puisse donner est celle là : au niveau religieux, le senegal est musulman, tu n'es pas libre d'être ou non musulman, yu es né musulman DONC tu es musulman jusqu'à ta mort. Tu n'est pas libre de choisir ou d'opter... <br /> c'est la terrible notion d'apostasie...<br />  
C
Moi aussi, je réagis avec rebelion aux tentatifs (journaliers au Sénégal) de me manipuler à faire quoi que ce soit (boire du vin quand je n'en veux pas, rester dans une compagnie que je veux quitter, manger quand je n'ai pas faim, appeler des personnes avec lesquelles je n'ai pas envie de parler etc -et bien sur acheter ou payer des choses dont je n'ai pas besoin/envie).<br /> "Si tu ne feras pas comme cela je vais me facher" était une phrase que j'avais l'impression d'entendre plusieurs fois par jours quand je suis embarquée pour la premiere fois au Sénégal. <br /> (Et même dit par des inconnus - comme si chaqun avait un pouvoir de patron sur l'autre, ou comme si tout le temps on était en train d'établir qui est l'esclave de l'autre. Mais je pense que dans ce système chaqun est l'esclave potentiel de quiconque.)<br />  Choquée par l'impolitessse d'abord, je me suis après laissée expliquer que c'est "juste une maniere de faire", une maniere de dire "je t'aime bien".. <br /> Je suis, quand-même, encore de l'avis que c'est de l'impolitesse tout court. De l'impolitesse apprise et transmise par la culture, mais impolitesse quand-même.<br /> Vive la liberté personnelle.
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S
politesse/impolitesse sont des notions eminemment culturelles. Ce dont tu parles c'est un autre code social que le tien. Ce n'est donc pas un probleme de politesse, c'est le reflet de la pression sociale, tribale pourrait on dire. Chez nous l'individu n'est rien seul le groupe existe. Je suis parce que nous sommes. <br />